Le mot « Coran » provient de l’arabe « القرآن » (al-Qur’ān), dérivé de la racine trilitère ق-ر-أ (q-r-ʾ), qui signifie principalement « lire » ou « réciter ». Cependant, cette racine possède également une connotation secondaire importante : « relier » ou « conjoindre ». Cette dualité de sens enrichit considérablement la compréhension du terme « Qur’ān ».
La forme verbale de base « قرأ » (qara’a) signifie « il a lu » ou « il a récité ». Cette racine donne naissance à d’autres formes comme « يقرأ » (yaqra’u), signifiant « il lit » ou « il récite », et « قراءة » (qirā’ah), signifiant « lecture » ou « récitation ». En outre, le mot « قرآن » (Qur’ān) lui-même, dans sa forme nominale, indique non seulement la récitation mais également l’idée de relier des éléments ensemble.
Dans la structure linguistique de l’arabe, les racines trilitères sont la base de la formation des mots. Chaque racine comporte une signification fondamentale qui peut être modifiée par divers schèmes (modèles de voyelles et de consonnes). Le mot « Qur’ān » est dérivé de la racine q-r-ʾ suivant un schème qui transforme le verbe en un nom, impliquant une récitation ou une lecture sacrée, mais aussi un lien ou une connexion.
L’idée de « relier » est particulièrement pertinente dans le contexte du Coran. Le Coran relie les croyants à Dieu à travers sa récitation et sa méditation. En tant que texte sacré, il crée un lien entre les individus et la communauté islamique, et entre les diverses révélations divines. Le Coran se présente comme une continuation et une confirmation des révélations précédentes, établissant un lien historique et spirituel entre les textes sacrés.
D’un point de vue phonologique, « قرآن » se distingue par la consonne emphatique « ق » (qāf) et la lettre « ر » (rā), conférant au mot une sonorité particulière et puissante. La lettre « ق » (qāf) est une consonne uvulaire occlusive, produite à l’arrière de la bouche, ajoutant à la solennité du terme et renforçant son statut de mot sacré.
Le mot « قرآن » avec l’article défini « الـ » (al-) devient « القرآن » (al-Qur’ān), signifiant « le Coran ». L’utilisation de l’article défini souligne l’unicité et l’importance suprême de ce texte parmi tous les autres écrits.
La morphologie arabe permet une grande flexibilité dans la formation des mots, et « Qur’ān » en est un exemple parfait. La dérivation nominale à partir d’une racine verbale montre comment la langue arabe peut encapsuler des actions (lire, réciter) et des concepts abstraits (relier, conjoindre) dans un seul mot. En transformant « qara’a » en « Qur’ān », l’arabe intègre l’idée de récitation avec celle de connexion spirituelle et intellectuelle.
Historiquement et religieusement, le terme « Qur’ān » dépasse la simple récitation pour inclure l’idée de relier les croyants entre eux et avec Dieu. Le Coran est vu comme une chaîne qui relie le prophète Mahomet aux révélations antérieures, reliant ainsi les traditions abrahamiques. Cette idée de connexion est fondamentale dans l’islam, où le Coran est considéré comme le lien ultime entre l’humanité et le divin.
Le mot « Qur’ān » est donc un témoignage de la richesse et de la profondeur de la langue arabe, capable d’exprimer des concepts complexes et multidimensionnels à travers des structures linguistiques élaborées. Il montre comment une simple racine peut véhiculer des significations variées et profondes, allant de la récitation à la création de liens spirituels et communautaires.